Quelles précautions prendre avant d'entamer un travail de thérapie?
La communication entre les personnes passionne le monde depuis la nuit des temps. Depuis Aristote, père de la rhétorique, jusqu’à nos jours, nombreux sont les penseurs et les chercheurs qui s’y sont intéressés. Nous pouvons citer pêle-mêle Shannon et Weaver, Lasswell, Berlot, Jacobson, Riley, Berne, Hymes et tant d’autres. Tous ont abordé la communication sous un angle différent. Il en ressort une discordance énorme entre ce que l’émetteur souhaite dire, ce qu’il dit et ce que le récepteur entend et ce qu’il comprend. Paul D Maclean en 1969, explique cette distorsion par l’organisation de notre cerveau. Pour lui, il est constitué de 3 niveaux que l’information doit traverser afin d’être traitée.
Le premier de ces filtres et le plus archaïque est le cerveau Reptilien. Son rôle est d’assurer la survie de l’espèce. Il gère toutes les fonctions automatiques ainsi que la sécurité de l’individu. Il transmet ensuite l’information au système limbique, siège de la mémoire, de l’instinct et des émotions. Par exemple lorsqu’il est informé par le cerveau reptilien d’un danger, le cortex limbique déclenche de façon automatique le plan de survie tant sur le plan physiologique (production d’hormones, accélération du rythme cardiaque,…) que psychologique (émotions). Cette zone du cerveau en faisant appel à des souvenirs peut associer d’autres éléments à la situation actuelle. Le message reçu risque donc d’être « coloré », voir déformé par le filtre de nos émotions. Nous savons aujourd’hui grâce aux neurosciences que le système limbique ne se limite pas à notre cerveau, il est en lien aussi avec nos intestins. Enfin le message peut arriver au Cortex préfrontal et faire appel à l’ensemble de nos capacités cognitives pour être traité (capacité de raisonnement, langage, fonctions exécutives). Mais à ce stade le message n’est plus le même que celui émis. Il a peut-être été amputé (déni), déformé (distorsion), voire il est peut être érigé au titre de vérité (généralisation). Parfois le message ne peut être traité par le cortex préfrontal car les réactions provoquées par le cerveau limbique sont tellement fortes que la personne est submergée par ses émotions. Elle n’a plus la capacité de penser.
Sur le plan de la communication, que peut-il se passer dans le cabinet d’un praticien de la relation aidante. Nous ne ferons pas de différence à ce niveau entre un psychiatre, un psychologue, un psychothérapeute, un psychanalyste, un psychopraticien ou tout autre thérapeute. Nous pourrions aussi étendre cette liste aux acteurs du coaching et du conseil. Tous, quel qu’ils soient, sont amenés à accompagner une personne en demande de soutien et parfois en état de souffrance psychologique. Le cursus de formation qu’il soit universitaire ou non, n’intervient pas dans les capacités de communication du praticien, dans la qualité et la neutralité de son écoute et dans la bienveillance de son accueil.
Dans ce cabinet il y a donc un praticien, s’appuyant sur un ensemble de techniques auxquelles il a été formé, la personne en demande et la relation particulière qui se crée entre les deux. Cette relation, empreinte d’une confiance souvent totale, permet à l’accompagné d’exprimer des émotions parfois anciennes qu’il n’a pas eu la possibilité de verbaliser auparavant. L’accompagné attribue souvent un autre rôle, voire une autre identité, au praticien. La relation qui s’établit entre le patient et le thérapeute a été mise en évidence par Freud et s’appelle le transfert. Le praticien en retour renvoie à son patient sa réponse à cette sollicitation sous la forme de son contre-transfert. Ce contre-transfert se doit, en théorie, d’être bienveillant envers le patient. Quelle forme peut prendre ce contre-transfert si le praticien n’est pas au clair avec son histoire personnelle et les croyances qui s’y rattachent ? Il est fréquent qu’en cabinet un client renvoie à son thérapeute une de ses propres problématiques. Si celui-ci n’a pas été explorer cette partie de son histoire qui rentre en résonance avec celle de son patient, il y a de fortes chances que le contre-transfert du praticien soit inadapté à la situation. Il se peut même qu’il ait l’effet inverse à celui attendu et qu’il renforce la problématique du patient. Il est de coutume de dire qu’un thérapeute ne peut accompagner quelqu’un au-delà d’où il est allé lui-même. Dans tous les cas l’histoire personnelle du thérapeute doit rester à la porte de son cabinet. Dans le cas contraire, il y a donc un risque que le thérapeute induise des pensées à son patient.
La relation aidante est une relation humaine. Elle est subjective et non cartésienne. Il est donc illusoire d’imaginer que dans ce domaine tout peut être contrôlé. Cependant afin de minimiser les risques de dérapage, il est bon de vérifier certains points avant de s’investir dans un travail personnel avec un professionnel, quel qu’en soit le titre ou le diplôme.
Tout d’abord le praticien doit être formé à la technique qu’il propose par un institut ayant pignon sur rue. Il peut être intéressant de vérifier le contenu de la formation. Derrière un même nom, se cachent parfois des durées de formation allant du simple au triple. Cela peut avoir des conséquences sur la qualité du travail proposé. Par ailleurs certaines formations (à distance par exemple) ne mettent pas les futurs praticiens en situation réelle d’entretien.
Par ailleurs le praticien doit impérativement avoir fait un travail personnel de thérapie. Cela lui permet d’avoir pris conscience de son propre fonctionnement, d’avoir exploré ses zones d’ombre et ainsi identifier ses propres transferts et projections. Il peut être conscient du transfert de son patient et de son propre contre transfert. Ainsi, il peut renvoyer une réponse juste à la sollicitation inconsciente de son patient. Comment un thérapeute peut-il accompagner quelqu’un s’il n’a pas suivi lui-même le même chemin ? Nombre d’acteurs de la relation d’aide n’ont pas fait de travail personnel. Certaines formations reconnues ne l’imposent pas à leurs étudiants pour l’obtention du diplôme.
Ce travail personnel, le praticien doit le poursuivre par un suivi dit de supervision auprès d’un de ses pairs. Le thérapeute aborde avec son superviseur le suivi de ses clients. Le superviseur lui permet de prendre du recul sur chacune des situations. Ainsi il peut mettre en lumière les réponses inadaptées du praticien pouvant poser problème. Le fait de ne pas être supervisé ne veut pas dire que le praticien n’est pas compétent. Cela augmente juste le risque de dérive malgré la bonne foi du professionnel. Le fait que le praticien soit supervisé est donc un gage de sécurité pour son patient. La supervision s’inscrit dans le code déontologique de la profession.
Le praticien doit faire référence au cadre déontologique de sa profession. Ce cadre doit être clair, reconnu et expliqué au patient. Le cadre déontologique est également un gage de sécurité pour le patient. Les deux acteurs de la relation peuvent s’y référer à tout moment. Le rôle du superviseur est aussi de s’assurer du respect de ce cadre.
Une fois l’ensemble de ces préliminaires vérifiés, le travail de développement personnel que vous allez entamer, quelle que soit la pratique proposée, vous permettra de cheminer en toute confiance et de refermer les dossiers personnels qui seraient resté en suspens.
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